Enfants de la rue

Les raisons de la présence des enfants dans la rue sont multiples.

On distingue principalement :

  • Des raisons économiques

depuis la dernière guerre, commencée en 2003, beaucoup de familles ont fui les violences et se sont réfugiées à Kinshasa, la capitale de la RDC (République Démocratique du Congo). Ces familles se sont retrouvées sans aucune aide, sans travail, et ne pouvaient pas nourrir leurs enfants (souvent nombreux, en moyenne 9 enfants par famille). Les enfants vont alors chercher dans la rue de la nourriture, travailler pour subvenir aux besoins de la famille, puis avec le temps ne reviennent plus, soit parce qu’ils ne trouvent pas assez (donc rejet de la famille), soit parce qu’ils pensent vivre mieux dans la rue qu’à la maison. Ou bien encore, les parents abandonnent carrément leurs enfants pour aller chercher du travail dans une autre région, ne pouvant s’encombrer d’enfants dont ils ne peuvent pas s’occuper.

  • Des raisons familiales

La violence au sein de la famille est une des raisons majeures de la présence des enfants dans la rue. Les enfants parlent souvent de la violence de la belle mère ou du beau père qui n’accepte pas la présence de / des enfants (s) du conjoint, et les maltraite. Les témoignages sont crus, et les enfants parlent de viol, de tabassage, de refus de nourriture. Les plaintes sont rares, et quand les problèmes arrivent devant un juge, il va mettre l’accent sur la réconciliation, plutôt que le châtiment et la mise en protection de l’enfant, car l’état ne dispose pas d’assez d’infrastructures pour s’occuper des enfants. L’enfant fini alors par aller dans la rue pour échapper aux mauvais traitement, et c’est un moyen pour la famille de s’en débarrasser.

  • La sorcellerie

C’est un phénomène fortement présent, qui fait peur, et aujourd’hui, on s’en sert comme prétexte pour accuser un enfant des maux dont souffre la famille (mort d’un des deux parents, du grand parent, manque de travail…). Après la maltraitance comme punition, l’enfant est mis à la porte, ou finit par s’échapper tout seul. La deuxième accusation qui fait référence à la sorcellerie, c’est la maladie (comme l’épilepsie par exemple) : l’enfant malade fait peur, et on pense qu’il est possédé par un esprit, alors il faut le faire exorciser et comme cela ne marche pas, il doit être éloigné, car on pense qu’il est dangereux. Il se retrouva alors dans la rue.

  • La mort des deux parents

Notamment, hors période de la guerre, par le VIH/SIDA. Les enfants ne seront en plus pas récupérés par la famille élargie, par peur que l’enfant, souvent séropositif ne contamine toute la famille. Il est à noter que l’on retrouve en majorité des garçons dans la rue et les centres, les filles de la rue se trouvant très tôt dans des maisons closes, et se prostituant.

  • Mariage mixte

Lors d’un mariage mixte, entre personnes provenant du système matriarcal et du système patriarcal, le décès de l’un engendre des conflits à l’intérieur de la famille qui ne parvient pas à définir à qui revient la responsabilité d’assumer les enfants du couple. Les histoires de vie des enfants de la Maison de l’Espoir dont j’ai pu avoir connaissance à travers de la relation établie avec eux m’ont également révélées que la reconstitution d’un nouveau couple parental, souvent suite au décès de la mère, est souvent à l’origine de maltraitance de la part de la belle-mère et de toutes les conséquences qui peuvent s’en suivre pour les enfants. Le décès peut également engendrer la fuite du domicile : « Les motifs énoncés par les jeunes pour quitter leur maison sont l’absence ou la mort de la mère, en général de façon violente... » .

  • Prostitution

Les mères qui se prostituent pour pourvoir aux besoins de leurs enfants mettent ces derniers dans des situations de vulnérabilité, le monde de la prostitution étant contigu avec celui de la rue.


Caractéristiques du milieu : la rue

Violence
Moyens pour survivre
Rejet de la population


1. Violences physiques et morales

La vie dans la rue est rude de plusieurs manières, d’abord physique. Il est à noter que lorsque nous parlons d’enfants de la rue, l’âge minimum auquel nous avons été confronté est 5 ans. Un enfant à 5 ans, n’est pas capable de se protéger, d’assurer sa sécurité. Les violences physiques ont lieu entre pairs (entre enfants de la rue), et d’adultes sur les enfants (police, proxénètes, chef de travail…). La violence est leur quotidien, et doivent apprendre à s’en accommoder. Une règle s’établit très vite : battre ou être battu, mourir ou tuer. Le plus violent sera également le plus respecté, et donc celui qui aura beaucoup de privilèges (des enfants qui travaillent pour lui, des filles comme esclaves sexuelles…)

  • Violence entre pairs

La violence des enfants entre eux revêt plusieurs aspects : il peut parfois s’agir d’une sorte de « bizutage » lorsqu’un enfant arrive dans la rue ; il peut devenir un homme après avoir démontré qu’il est capable de se battre. La violence s’effectue aussi gratuitement, la nuit souvent, et ce sont les plus grands, les adolescents qui vont battre les plus petits. Les témoignages parlent souvent d’ébouillantement, brûlure de cigarettes, viols, sévices sexuels. La nuit, les enfants sont le plus vulnérables, car ils dorment à même le sol, sans protection aucune. On distingue aussi la violence pour s’approprier un bien, un travail. Un enfant ou adolescent va pouvoir aller jusqu’à blesser mortellement un de ses collègues pour avoir la chance de laver une voiture

  • Violences des adultes sur les enfants

Cette violence revêt aussi plusieurs aspects : il y a les violences policières, qui passent à tabac les enfants s’ils refusent de se soumettre à leur volonté, ou les menacent d’emprisonnement s’ils ne travaillent pas pour eux, pour leur amener de l’argent. D’autres adultes usent de violence envers les enfants, ce sont ceux pour qui ils travaillent.

Retour au sommaire

 

2. Moyens pour survivre

Les enfants des rues doivent redoubler d’imagination pour subvenir à leurs besoins, au niveau matériel (nourriture, habillement). La débrouillardise a lieu de plusieurs manières :

  • Mendicité

Ils passent la journée à mendier. Les enfants qui choisissent cette stratégie se retrouvent dans le centre des affaires de la ville, où se trouvent les plus riches, et les blancs, prétendument générateurs d’argent.

  • Petits travaux

Certains parcourent les rues à la recherche de poubelles qu’ils amènent dans des centre de recyclage en échange de quelques billets, d’autres font la vaisselle dans des échoppes, ou font le ménage…certains encore apprennent très tôt le commerce, se débrouillent pour avoir de l’argent, acheter un petit bien et les revendre avec une petite plus value dans un quartier riche.

  • Prostitution pour les filles et les garçons
  • Vols, délinquance

Retour au sommaire

 

3. Rejet de la population

La difficulté de leur vie dans la rue est augmentée par le rejet de la population congolaise, kinoise en particulier. En effet, peu de gens sont sensibles à leur misérable vie, et les habitants vont plutôt de focaliser sur leur mauvaises actions, le fait qu’ils volent, qu’il traînent.

Les « shégués », surnom des enfants de la rue, se sont constitués en société, avec leurs propres codes de respect, leurs propres valeurs, et ont du mal à se référer aux lois et valeurs de la société qui les rejette et les marginalise encore plus.

Retour au sommaire


Organisation de la vie dans la rue

Rituels d'initiation
Besoin d’appartenance au groupe
Stratégies de survie
Notion de temps et d’espace

 

1 - Rituels d’initiation

  • Rituels d’initiation

Lorsqu’un enfant arrive en milieu urbain pour y vivre, la première étape pour lui consiste à y trouver sa place. Celle-ci s’acquière auprès des autres jeunes qui peuplent le quartier du nouvel arrivé. Pour l’initier à la vie dans la rue et à la réalité qui sera dorénavant la sienne, l’enfant doit passer une épreuve. Un ancien enfant de la rue témoigne des différentes formes que peuvent prendre ce rituel, il parle de passage à tabac, d’initiation forcée à la prise de drogue ou de sévices corporelles comme des brûlures administrées à l’aide d’allumettes ou de plastique enflammé. Les professionnels du Réseau des Educateurs pour Enfants et Jeunes de la Rue (REEJER) soulèvent que l’épreuve du passage à tabac est souvent réservée aux garçons, les filles subissant plutôt des rapports sexuels forcés avec plusieurs jeunes de la rue.

Ce rituel d’initiation « agit comme un pré-requis destiné à éliminer le faible» . Il a donc la fonction de trier les enfants capables de survivre au monde de la rue. Les jeunes lui confèrent également le pouvoir de se voir accepté et intégré officiellement au sein du groupe ou du quartier tout en démontrant ses aptitudes, généralement en rapport avec la force physique ou/et mentale : « l’admission publique, généralement sous la forme d’un passage à tabac par plusieurs membres du gang, donne l’opportunité de démontrer sa virilité » .

  • Quotidien de la rue

« Les enfants de la rue voient cette dernière constituer littéralement leur espace vital. C’est là qu’ils dorment, se nourrissent et s’habillent, jouent, se reposent et surtout déambulent, sans direction et sans repère temporel. Cette vie est synonyme de liberté et de recherche d’opportunités, d’occasions. » L’espace urbain devient à proprement dit le lieu dans lequel ils évoluent quotidiennement. Ce mode de vie est marqué par l’insécurité et la perte de valeurs.

Le contexte dans lequel évoluent et ont évolué les enfants que se soit la rue ou leur milieu familial, présente des situations de violence importantes. Celles-ci induisent chez l’enfant un certain mode de fonctionnement « C’est ainsi que les enfants grandissent dans un milieu de conflit permanent et qu’ils apprennent rapidement que la réponse la plus usuelle et efficace dans des situations conflictuelles est l’usage de la violence. » Les agressions et les brutalités entre jeunes font donc partis du quotidien. Dans ce contexte où la violence est omniprésente, les actes des uns mènent à la vengeance des autres : « La justice n’est pas présente, ou il est inutile d’y recourir. Il faut se venger soi-même. »

Les enfants qui peuplent les rues de la capitale s’organisent selon les quartiers mais également dans le temps. Au cours de leur journée, les garçons de la rue ont un temps pour se procurer de l’argent. Cette quête peut se faire par la mendicité, par le vol ou par de petits boulots. La nuit n’offre que très peu de repos aux jeunes notamment à cause de l’insécurité qui règne. L’argent récolté par les uns et par les autres, permet aux jeunes de survivre et de répondre à certains de leurs besoins : se nourrir, se procurer de la drogue, se protéger, se soigner ou s’abriter.

Chaque membre du quartier obtient ainsi de quoi survivre pour lui-même ou en partage avec d’autre. Mais celui à qui revient le droit de ravir l’argent récolté est le chef du quartier. Les professionnels du REEJER racontent qu’en fin de journée, alors que les enfants stoppent les activités qui leur permettent d’obtenir de l’argent, il n’est pas surprenant de voir le chef du quartier exiger de ses membres la restitution cet argent accumulé. « Ils ne font pas d’épargne, de planification des dépenses. Quand ils obtiennent l’argent, ils le dépensent dans l’immédiat sans plans ni priorités » L’immédiateté de la dépense après le gain s’explique en parti au travers de cette composante qui fait parti du quotidien de ces enfants. Les enfants mangent l’argent sans attendre de peur de se le voir voler.

Des rafles ont régulièrement lieu dans les rues de Kinshasa. Elles sont organisées par les militaires et ont pour but de ramasser tous les enfants des rues pour les emmener dans des centres. La loi concernant le vagabondage, interdisant la présence tardive des enfants dans la rue le soir, provoque également des interventions policières pouvant mener les jeunes jusqu’à la prison. Ces différentes confrontations possibles avec les personnes représentants l’ordre accentue le sentiment d’insécurité dans lequel vit l’enfant des rues et également sa haine de l’autorité policière.

La consommation de drogues est très fréquente et est visible au niveau physique et comportemental de ces enfants. Un certain nombre de jeunes rencontrés lors d’évangélisation dans le quartier de Victoire de la capitale ont à plusieurs reprises présenté des états clairement assimilables à de la consommation de chanvre. Ils semblent comme totalement absents et décentrés. Leur concentration est amoindrie et ils paraissent en dehors de la réalité qu’ils sont en train de vivre. La consommation de drogue peut également provoquer chez eux des états de somnolence.

Retour au sommaire 

 

2 - Besoin d’appartenance au groupe

L’importance du groupe s’explique au travers du besoin d’appartenir et d’être reconnu notamment chez ces enfants ayant généralement vécu un abandon. « Ces enfants ont une place dans le groupe, une place créée par eux-mêmes et que personne ne peut leur enlever, même si la société peut exprimer qu’elle n’est pas une bonne place pour les enfants. C’est une place créée, imaginée, vécue et investie par eux. » L’intégration dans un groupe et la reconnaissance de ses membres, sont donc nécessaires à l’enfant pour se sentir exister.

« Le groupe est un champ clos : il est fermeture du champ des relations par rapport à un extérieur décevant, frustrant, menaçant ; c’est en son intérieur que se résolvent, dans l’imaginaire les insatisfactions majeures qu’inflige la défaillance des autres, ceux de la famille notamment, à recevoir et à donner l’amour » Le besoin affectif de ces enfants a généralement été mis à mal, qui plus est par les personnes sensées être les premières à combler ce besoin. Le regroupement est donc aussi motivé par la recherche de l’affection que n’a su donner les proches de l’enfant.

Les enfants tentent également de trouver dans la rue, la sécurité que leur milieu familial n’a pas su leur offrir. L’organisation en groupe répond à ce besoin de protection. La notion de sécurité dans les rassemblements d’enfants peuplant les quartiers de Kinshasa semble surtout valoir lors de confrontation entre différents groupes.

Ce substitut du rôle familial, recherché par les enfants à travers le groupe, inclut également une notion de confrontation et d’encadrement, semblable à celle que l’on peut observer dans une relation parent-enfant : « La fonction du groupe, qui vient couvrir, colmater une faille interne ou retrouver fantasmatiquement le corps de la mère, implique une façon d’utiliser l’autre pour sentir les limites de soi-même. » C’est notamment au travers d’actes délictueux (vols, agressions,…) que les jeunes de la rues repoussent les limites des uns et des autres par le chantage ou les passages à tabac punitifs.

La réponse à un certains nombre de besoin que les enfants trouvent au sein du groupe, la quête d’identité collective, peut amener le jeune à investir le groupe de telle manière qu’il n’est plus une personne à part entière : « Cela pose problème pour l’expression de l’individualité, comme si la sensation de sécurité dans ce type de structure provenait du moi groupal où le moi de chacun est un peu perdu, voire confondu. »

« Les plus grand protègent et corrigent les plus jeunes.» Ce mode de fonctionnement est largement répandu parmi les enfants de la rue à Kinshasa. Au quotidien, les plus grands corrigent et abusent les plus jeunes en leur rackettant leurs biens et leur argent. Mais lorsqu’une personne extérieure met en danger un membre du groupe (personne civile, militaire ou policière), l’aîné va s’interposer et défendre de manière agressive le membre du groupe attaqué.

Retour au sommaire

 

3 - Stratégies de survie

Les enfants développent plusieurs stratégies pour survivre au monde de la rue, « la première protection consiste à atteindre l’autosuffisance économique. » Obtenir de l’argent permet en effet aux enfants de répondre à leur besoins primaires. Pour cela plusieurs possibilités s’offrent à eux : celle de se trouver un petit travail, celle de commettre des délits ou celle de se prostituer. Beaucoup vendent des produits divers pour une tierce personne leur permettant de toucher une partie du chiffre d’affaire. « Le fait d’avoir toujours de l’argent disponible constitue la première condition pour négocier, en un milieu où tout, même la vie, est traitable par l’argent. » Cette réalité fait particulièrement écho au Congo où l’argent peut être la solution à bons nombres de problèmes. Le phénomène de la corruption très répandu à travers le pays accentue la valeur quasi vitale de l’argent. Les enfants peuvent grâce à lui négocier des privilèges auprès des policiers ou des militaires et influencer leur travail.

« La seconde stratégie est la loi du silence. Quoiqu’il arrive, tu n’as jamais rien vu, rien entendu, tu ne sais rien. » Le non respect de cette loi entraîne généralement des passages à tabac. Les enfants qui ont du s’y plier en font l’apologie.

Les enfants pour leur survie apprennent à s’endurcir : « Cela veut dire ne jamais montrer sous aucun prétexte, sa vulnérabilité, ses faiblesses. Ne pas donner à l’autre l’opportunité de profiter de la situation. » Cette stratégie développé par les enfants lorsqu’ils vivent dans la rue laisse des traces importantes au niveau de leur comportement et notamment de leur manière de rentrer en relation.

« Une quatrième stratégie est d’avoir une connaissance très méticuleuse du territoire : de la ville, des routes d’entrée et de sortie, des endroits dangereux et ceux de protection. » Les enfants rencontrés possèdent tous de très bonnes connaissances de la ville et de ses quartiers. Chaque coin de rue a sa spécificité, des rues sont consacrées au travail, certaines parcelles donnent la possibilité de se procurer de la nourriture ou du chanvre, les lieux surs loin des regards indiscret et des agents de l’ordre sont définis.

« En ce milieu menaçant, il n’est pas possible de survivre isolé. Il est nécessaire d’avoir des amis » Le groupe fait également parti des stratégies de survie connue et observés chez les enfants de la rue à Kinshasa.

Retour au sommaire

 

4 - Notion de temps et d’espace

La conception du temps dépend de la culture du pays dans laquelle il s’inscrit. Au Congo, il s’exprime jusque dans le vocabulaire. Le mot lobi signifie aussi bien hier que demain. Dans cette perception du temps vécue comme cyclique : « Les événements passés sont appelés à se reproduire demain. » Dans cette logique, le temps n’est pas une notion maîtrisable, il n’y a ni passé ni future qui se détachent mais tout est une continuelle répétition. Il n’y a ni gain de temps ni perte de temps, tout se vit sur le moment Dans la rue où les perspectives d’avenir pour les enfants sont d’autant plus inexistantes, ce qui accentue de plus cette logique du maintenant et tout de suite. Ces jeunes vivent en dehors de toute notion du temps, ils mangent, dorment quand le besoin se faire ressentir sans avoir des moments précis consacré à ces activités.

L’espace est également lu d’une manière très spécifique par les enfants des rues. « Ils ont une forte relation à l’espace […] ils sont très peu mobiles, ils vivent, jouent, travaillent, font la quête, volent et dorment dans la même zone. » Cette notion s’inscrit parfaitement bien aux enfants de Kinshasa étant organisés en groupes territoriaux. Les quartiers sont délimités par les jeunes et chacun investit uniquement son espace. C’est à l’intérieur de celui-ci que la confusion se fait. Les lieux perdent auprès des enfants des rues leur utilité, et leur activités peuvent se menées dans des endroits inappropriés. A Kinshasa les enfants qui peuplent les rues du centre ville, le quartier de Gombe, se rendent régulièrement et en masse dans le cimetière pour y passer la nuit.

Les enfants des rues se construisent donc leur propre lecture du temps et de l’espace. L’intégration de la perception spécifique de ces deux notions par les enfants est un moyen de contrôle : « La rue devient en endroit de risque et de maîtrise de ce risque grâce à ses capacités […] à un entraînement pour gérer les relations espace/temps. » Savoir se trouver à tel endroit à tel moment ou éviter certaines rues au cours de certaines heures de la journée leur permet de se mouvoir dans l’espace et le temps de telle façon que : « Le fonctionnement de la ville rend possibles l’anonymat, la fuite, l’action rapide, le mimétisme, le mouvement en réseau. »

Retour au sommaire